Le mouvement pour l'esprit.
La volonté est ce qui crée la tension.
Au départ nous sommes pris dans l’élan initial de la vie. Nos cellules se forment dans maman, engrammant par la même occasion un certain nombre d’informations subtiles présentes dans les graines de nos concepteurs biologiques (dont leurs tensions). Quoi qu’il en soit, la vie prend le pas et on n’a pas vraiment le choix de monter à bord. Structure de plus en plus complexe, notre corps se laisse bercer par le mouvement de maman, par ses tempos, nous nous nourrissons comme maman, nous ressentons l’ambiance puis nous percevons progressivement davantage d’informations électriques c’est-à-dire émanant d’un système nerveux murissant. Là encore nous nous adaptons, c’est-à-dire que nous nous laissons traverser et notre corps fait ce qu’il a à faire. Arrivés à la lumière, à l’air et subissant la gravité, les perceptions deviennent de plus en plus rudes, moins subtiles disons. Notre corps continue à s’adapter et nos progrès moteurs s’appuient sur ces perceptions qui nous aident à connaitre nos limites.
C’est ainsi que progressivement, deux phénomènes importants se mettent en place. Tout d’abord l’apparition du mental au travers des émotions notamment. Ce que je perçois est agréable ou désagréable. Je prends connaissance du chemin à prendre. Il n’y a pas de sanction, de bien ou de mal. Bébé pleure quand çà pleure et rit quand çà rit puis passe à la suite. Petit à petit, il répète ce qu’il aime, les voies neuronales se renforcent, c’est l’apprentissage par adaptation. Les réflexes archaïques nous cadrent au début puis le mental donne progressivement du sens. La conscience est l’organe du sens. Ensuite, deuxième temps fort, c’est l’apparition de l’égo qui permet de ne plus se confondre avec l’environnement. Avec lui apparaissent nos limites à protéger mais aussi, revers de la médaille, les prémisses de la responsabilité, de la solitude, de la vulnérabilité…
Suite au mouvement de vie, à l’adaptation, au continuum, un tout autre paradigme se met en place. Nous voici devenus responsables, susceptibles d’agir sur l’autre, de le décevoir, de lui faire mal… de devenir un monstre. On pourrait rester un amour me direz-vous ! Oui mais, que s’est-il passé au moment où vous avez fait tomber ce vase chez cet ami de maman, ou quand vous avez donné votre avis devant ces adultes qui ont ri, ou quand vous avez donné ce dessin à papa qui a continué de travailler sans le regarder… bref, à un moment nous avons subi une blessure de rejet car notre élan d’amour d’enfant a été stoppé par une figure d’attachement qui ne savait pas recevoir notre amour spontané. Ne remettant pas en cause notre guide, nous avons conclu que nous ne savions pas donner. Quand l’élan d’amour est stoppé, la tension apparait : il y a déséquilibre. Quand la tension apparait, c’est le besoin de contrôle qui prend le pas. Pour ne plus montrer ma dangerosité, je construis alors le personnage qui est attendu, dans une simple volonté d’amour, une simple volonté de retrouver l’équilibre perdu.
Cela fonctionne ! « oh, qu’il est gentil, on ne l’entend pas ! » Toute une vie de « gentil » commence alors, en oubliant le fait que, pour être gentil, il faut être méchant. Je sais que je suis grand quand j’ai vu des petits. C’est la dualité de ce monde. Alors écraser une partie de soi (ici le méchant), c’est la rendre plus forte puisqu’elle va devoir croitre pour se faire entendre. Cette énergie, car c’est de cela dont il s’agit, trouvera toujours une porte de sortie… au pire sous la forme d’une maladie. En attendant, je vibrerai l’énergie de la colère dans ma vie et toutes les occasions seront bonnes pour attirer à moi de quoi laisser s’échapper un peu cette énergie bloquée dans mon système.
On comprend l’idée que la volonté crée la tension. Ce n’est donc pas en utilisant le système qui a crée le problème que l’on va le résoudre. Le mental ne résout pas. Inutile de mentaliser, il s’agit de laisser le corps faire. Il s’agit de laisser monter la tension à son paroxysme et d’éviter les fuites que sont les comportements compensatoires (personnage, addiction, suractivité…). Constater que notre vulnérabilité est aussi notre humanité permet d’abandonner le personnage. Le mouvement, et plus exactement le non mouvement, pourrait servir d’espace pour accepter la tension refoulée par l’agitation… mettez-vous assis, ne bougez pas, voyez ce qui émerge…